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La Pinatelle du Zouave

Pinatelle du Zouave 300x169 Nouvelle vidéo   Le passé mystérieux des pins de boulange

Cette semaine je vous invite au coeur d’une forêt extraordinaire où l’ imagination vagabonde parmi les arbres aux formes étranges qui rappellent les contes de fées et alimentent les légendes et les mythes.

 

  • Pourquoi ces arbres sont-ils si tortueux ?
  • Pourquoi leurs rameaux sont-ils si près du sol ?
  • Ont-ils fait l’objet de sortilèges ou subit un mauvais sort ?
  • Quelle histoire ce lieu à la fois paisible et fantastique va-t-il nous dévoiler ?

C’est une forêt atypique et décalée qui recèle un passé mystérieux que je vous invite à découvrir.

Présentation de la forêt

Voici un pin sylvestre, un arbre au port majestueux, qui pousse bien droit et qui peut monter jusqu’à 30 ou 40 mètres de hauteur (l’équivalent d’un immeuble de 10 étages !). Mais ici, près du Puy en Velay, le seigneur des lieux est un pin sylvestre aux formes étranges, aux troncs écourtés et difformes et aux rameaux tortueux. Ce sont les « pins de boulange ». Alors qu’un pin sylvestre atteint facilement 30 mètres de haut sur un sol profond,  les arbres qui peuplent ces futaies sont situés sur des parcelles de moins bonne  qualité situées sur un plateau basaltique où le terrain est peu profond et à une altitude de 600 à 800 mètres. Le bois des pins de boulange fut exploité entre 1800 et 1930. Les excroissances du tronc et la forme des branches sont dues à la taille de ces arbres dans le but de les ramener le plus près du sol pour en faciliter la coupe.

Bertrand de Doue, historien local, membre de la Société d’Agriculture, Sciences, Art et Commerce du Puy détaille vers 1830 le procédé de la taille de ces arbres :

  • Rabattre d’abord, par une première amputation, la tige principale du pin aussi bas que possible, en conservant toutefois à sa base une quantité suffisante de rameaux feuillus et à l’extrémité supérieure de la partie conservée, quelques branches susceptibles de se transformer en gourmands. 
  • Supprimer à chaque coupe, les branches les plus fortes, les plus élevées, celles surtout qui ont pris une direction verticale. 
  • Choisir pour faire la coupe des bois de pin les temps de morte sève, de préférence la fin de février et le mois de mars.

Les branches étaient rassemblées en fagots et essentiellement destinées à alimenter les fours à pains de la région, mais aussi les fours des artisans (fours à plâtre, à poteries et tuileries). Cette activité offrait aux bûcherons saisonniers une occupation pendant l’hiver, du bois de chauffage ainsi qu’une futaie ombragée pour les moutons.

Bertrand de Doue nous rapporte en 1830 la méthode de confection d’un fagot de bois de boulange :

  • Débiter les plus grosses branches en rondins de 1m à 1,30 m
  • Séparer à la hache les rameaux. 
  • Après que leur bois a été abattu ne plus y toucher de 3 ou 4 jours, afin que les feuilles de pins perdent de leur raideur pour les manier plus commodément.
  • Aligner les branches coupées: les plus petites par terre, les plus grosses et les plus fournies par-dessus. 
  • Disposer les fagots en bûchers de 25 à 50 fagots. 
  • Laisser sécher plusieurs mois pour alléger la charge. 

L’ abattage et le façonnage de 100 fagots c’est à dire environ (13 à 16 m3  de bois) représentaient environ 3 journées de travail. En septembre, les paysans assuraient les livraisons par charretées de 50 fagots ce qui représentait tout de même plus de 3 tonnes, tractées par une paire de bœufs.

Le Challenge : Perpétuer le savoir-faire 

L’exploitation du pin de boulange est abandonnée après guerre. Le pétrole, le gaz, l’électricité se généralisent dans les industries et l’artisanat. Pour perpétuer ce savoir-faire oublié depuis plus de 70 ans, le Conseil Général de la Haute-Loire acquiert la Pinatelle en 1996. Mais il y a un problème : pour conserver ce bois, il faut en perpétuer la taille, or ces arbres n’ont pas été taillés depuis plus de cinquante ans. A cause des reprises de croissance, la taille mettrait l’arbre en danger. La solution retenue par le Conseil Général fut de replanter pour pouvoir tailler à nouveau. Dès 1999, 200 arbres ont été replantés. L’expérience prendra des dizaines d’années. Ce sont autant d’invitations à revenir sur le site pour assister à leur évolution. On découvrira sur le site les installations artistiques réalisées in situ qui révèlent l’aspect sculptural des pins de boulange. Ce sont les « Pelles à Pins » qui entraînent le promeneur au coeur de la pinatelle et l’amène à une découverte inédite. Pour terminer, il convient de préciser pourquoi cette pinatelle, cette forêt de pins, porte le nom de « Pinatelle du Zouave ». Le Zouave est un soldat qui a servi dans un corps de l’armée française créé en Algérie au XVIIIème siècle. De retour au pays, il a construit la première maison du hameau et lui a donné le nom « Le Zouave ». Cette forêt a hérité de ce nom original.

Remerciements à :

  • Bertrand de Doue, historien local, membre de la Société d’Agriculture, Sciences, Art et Commerce du Puy (1833). 
  • Le Conseil général de la Haute-Loire.
  • L’équipe de maîtrise d’œuvre, Christophe Gonnet et Luth médiations

 

Voilà c’est tout pour aujourd’hui. A bientôt pour de prochaines vidéos,

Et en attendant faites des photos !