Cette semaine on se retrouve pour un dossier pratique sur la lumière. Tout ce qu’on va voir dans cette vidéo est valable aussi bien pour la photo, la vidéo ou la prise de vue avec un drone.
Photographier : Ecrire avec la lumière. Vous avez tous entendu cette phrase.
Mais qu’est ce que la lumière ?
La lumière visible est d’un point de vue technique, un rayonnement électromagnétique. La vision humaine est limitée entre les valeurs de 380 à 780 nanomètres (de l’ultra-violet à l’infrarouge). La perception des couleurs dépend de la sensibilité à trois couleurs : le rouge, le vert et le bleu. De nombreux problèmes concernant la perception des couleurs, proviennent à la fois de notre incapacité à distinguer toutes les couleurs et la faculté de notre oeil et de notre cerveau à s’adapter en ajustant les niveaux de couleurs et de luminosité de sorte que les conditions d’éclairage nous semblent normales. Il existe très souvent un écart considérable entre la scène réelle que nous voyons et l’image que l’on obtient avec notre appareil photo.
Température de couleur
La température d’une couleur est en rapport avec les températures de combustion. A une température basse correspond une lumière jaune-orangée comme la lumière émise par la flamme d’une bougie. A l’inverse une très haute température correspondra à une lumière bleutée comme la lumière émise par un ciel bleu. En photographie on utilise l’échelle des Kelvins (K). Comme nous le voyons sur le graphique, la lueur d’une bougie correspond à environ 2000K, un coucher de soleil est à 3000K. La lumière photographique à incandescence est normalisée à 3200K. La lumière du jour est située à 5200K et c’est à cette valeur que l’on retrouvera les ampoules de flash. La lumière du jour à l’ombre donnera une valeur de 6500K et un ciel très bleu approchera les 10000K.
Balance des Blancs
La température de couleur peut-être modifiée manuellement grâce à un réglage de l’appareil de prise de vue appelé : Balance des blancs. Pratiquement tous les appareils sont dotés d’un menu de balance des blancs permettant les réglages de base suivants :
- AWB (Auto White Balance). C’est alors l’appareil qui réglera automatiquement la balance des blancs.
- Pour des éclairages de type « ampoules domestiques » à 3000K le réglage est « Incandescent ».
- On utilisera le réglage « Fluorescent » à 4200K pour les éclairages de type tubes néon
- Pour l’éclairage des sujets au soleil, on optera pour le réglage « Lumière du jour » à 5200K
- Cette valeur de 5200K correspond aussi au réglage « Flash » pour l’éclairage des sujets au flash.
- L’éclairage des sujets par temps nuageux se fera avec le réglage « Nuageux » à 6000K et pour les sujets à l’ombre, on optera pour le réglage « Ombre » à 8000K.
Comme vous le voyez sur le schéma, des pictogrammes peuvent vous aider à vous repérer.
Afin de minimiser les dominantes liées à une balance des blancs erronée, le plus simple est de prendre vos photos au format RAW. Le format brut (raw) permet de changer la balance des blancs à postériori lors de la phase de développement.
J’utilise le système ColorChecker Passport de chez X-rite pour ses différentes chartes de blanc, de gris et de couleurs, le tout dans un format de poche qui ne tient pas de place dans un sac photo.
Il existe enfin le réglage AWB (automatic white balance) qui laisse votre appareil prendre la décision du choix de la balance des blancs. Le résultat n’est pas toujours le meilleur mais en débutant c’est un choix judicieux qui ne se trompe pas trop tant que l’on reste sur des conditions de lumière pas trop complexes.
Mesurer la lumière
Pour mesurer la lumière d’une scène on peut utiliser soit la cellule embarquée dans notre appareil photo, soit utiliser un posemètre. Personnellement j’utilise depuis déjà quelque temps un posemètre Polaris 2. Ce posemètre est simple d’utilisation et me rend de précieux services notamment en photographie de studio. Si les posemètres intégrés aux boitiers calculent la lumière réfléchie par la scène, le posemètre indépendant, lui, permet de mesurer la lumière incidente, c’est à dire la lumière qui arrive sur le sujet.
Deux types de mesure
Pour faire simple, on parlera de lumière réfléchie lorsque la mesure sera prise par le boitier et de lumière incidente lorsque la mesure sera prise par un posemètre indépendant.
Mesure de la lumière réfléchie
C’est la lumière qui est réfléchie par le sujet qui va permettre à la cellule de votre boitier de calculer la quantité de lumière dont il dispose pour effectuer ses réglages pour obtenir une « exposition correcte ».
Mesure de la lumière incidente
La mesure de la lumière incidente par un posemètre permet d’être très précis sur la quantité de lumière que l’on envoie sur un sujet. Pour un portrait en studio, par exemple, il est possible de mesurer et donc de régler précisément la quantité de chacune des sources de lumière.
C’est pourquoi en studio la mesure de lumière est pratiquement systématiquement faite avec une cellule externe pour autant que l’on souhaite réellement maîtriser nos sources lumineuses.
La mesure par la cellule du boitier
Quelque soient les marques et types de boitiers reflex, hybrides, compacts et autres smartphones tous ces appareils utilisent des systèmes embarqués extrêmement sophistiqués pour mesurer la lumière de la scène mais aussi, et c’est très important, la distribution de la lumière dans la scène. On les appelle les « modes de mesure ». Comme je l’ai précisé plus haut, ces systèmes mesurent la lumière réfléchie par la scène que l’on veut photographier et donc par déduction, ce que je vois dans mon viseur (ou mon écran). Dans la mesure où la scène ne présente pas de difficultés majeures de luminosité (soleil de face, un sujet à l’ombre, l’autre au soleil etc.) les outils de mesure font plutôt du bon travail pour autant que l’on utilise le bon outil. Globalement il existe trois grands type de mesure. Selon les fabricants l’appellation est différente, mais dans les faits il s’agit du même réglage.
Mesure Multizones
Elle est appelée aussi mesure évaluative, parfois mesure matricielle. Ce mode de mesure divise la surface totale en plusieurs zones et mesure l’intensité lumineuse dans chacune d’elles. Le système embarqué détermine alors l’exposition appropriée pour l’ensemble de l’écran. Cette mesure est un peu la mesure par défaut dès lors qu’il n’y a pas de difficultés de gestion de la lumière. Elle est utilisée dans la majorité des cas. Même si des différences existent entre les fabricants, le principe reste toujours l’analyse de pratiquement tout la zone embrassée par le capteur et la comparaison avec une base de données de milliers de photographies afin de déterminer la meilleure exposition possible. Chaque fabricant détermine ses propres zones d’analyse et à sa propre base de données. Mais bon les résultats sont pratiquement identiques quelque soit la marque.
Mesure à Pondération centrale
Ce mode mesure la luminosité moyenne de l’ensemble de l’écran comme dans le cas de la mesure multizones, mais en privilégiant la zone centrale. Elle va donner plus d’importance à la mesure effectuée dans un cercle au centre du viseur. C’est un compromis entre la mesure multizones et celle que l’on verra ensuite, la mesure spot. Il faut judicieusement utiliser cette capacité à privilégier le centre de l’image en terme de luminosité, car notre sujet n’est pas forcément au centre de l’image. De plus sur des images de paysage par exemple la pondération au centre exclue la mesure d’une partie du ciel. On est souvent contraint à faire la mesure puis ensuite à recadrer.
Mesure Spot
Ce mode ne mesure la lumière que dans le cercle de « mesure spot » situé dans la zone centrale. Le choix de ce type de mesure ne doit pas être fait sans discernement. En général on l’utilise plutôt en mode manuel pour gérer des situations de lumière complexes. Elle est généralement peu utilisée car elle nécessite la plupart du temps de mémoriser l’exposition pour pouvoir ensuite recadrer. Le cercle dans lequel se fait la mesure est vraiment très petit et représente moins de 5% de la surface de prise de vue.
Plage Dynamique
Pour terminer cette première partie sur la lumière, je voudrais aborder le sujet de la plage dynamique. En fait il existe deux plages dynamiques : la plage dynamique de la scène que l’on souhaite prendre en photo et la plage dynamique du capteur de notre boitier.
Tout d’abord qu’est ce qu’une plage dynamique ?
La plage dynamique est le ratio entre les couleurs les plus claires et les couleurs les plus foncées d’une scène. Nous avons exactement la même définition pour la plage dynamique du capteur de notre boitier. La plupart des problèmes de plage dynamique résident dans le fait que très souvent la plage dynamique de la scène est supérieure à la plage dynamique de notre capteur ! En conséquence le capteur ne peut pas retranscrire exactement la scène. Notre oeil a une plage dynamique extraordinaire. En effet nous n’avons aucune difficulté à voir une personne à l’ombre alors que la scène est baignée de soleil. Pour le capteur d’un appareil photo numérique, il en est tout autrement.
On aura l’occasion d’en parler dans de prochaines vidéos.
Si vous le souhaitez approfondir le sujet de l’exposition je vous mets le lien vers le cours complet ci-dessous
1 – Cours complet sur l’exposition
2 – Le flashmètre
3 – XRite ColorChecker Passport
4 – XRite i1 DisplayPro
Voilà c’est tout pour aujourd’hui. A bientôt pour de prochaines vidéos,
Et en attendant faites des photos !